Quand CodaBox, Sage, WinBooks et Wolters Kluwer unissent leurs forces
À l’origine de DigiCrowd, il y a CodaBox, filiale d’Isabel, et les éditeurs de logiciels Sage, WinBooks et Wolters Kluwer. Ce consortium a été mis en place avec l’objectif d’imposer la percée de la facturation électronique. Pour cela, l’initiative s’appuie sur les réseaux CodaBox et PEPPOL existants. Les initiateurs du projet entendent, ensemble, réduire les réticences face à la facturation électronique en supprimant toute technicité, complexité et mauvaise compréhension du processus. L’objectif de DigiCrowd est de faire en sorte que d’ici à la fin de l’année, 100.000 entreprises puissent compléter leur boîte aux lettres numérique par des factures électroniques. Jusqu’à fin 2019, les entreprises peuvent en profiter gratuitement.
On le sait, l’envol de la facturation électronique est (trop) lent en Belgique. “En 2017, 50% des factures dans ce pays étaient encore émises au format papier. 45% sont arrivées à leur destinataire par voie électronique sous forme de fichier PDF attaché en pièce jointe d’un courrier électronique. 5% seulement des factures pouvaient réellement être cataloguées comme étant électroniques. Par conséquent, la Belgique est nettement à la traîne par rapport aux autres pays européens“, déclare Sander Gansbeke, directeur des ventes chez WinBooks.
Ronny De Goedt, directeur général Tax & Accounting chez Wolters Kluwer Belgique, explique cette contre-performance à la technicité et à la complexité qui dominent le monde de la facturation électronique. “Il y a, sur le marché belge, une prolifération de formats sources, de formats cibles et de canaux de distribution. Il est donc très difficile pour le comptable et l’entrepreneur d’avoir une vue d’ensemble claire. Cependant, en ce qui concerne la facturation électronique, peu importe le logiciel comptable utilisé ou le fournisseur de logiciel choisi. Par définition, la facturation électronique implique l’échange d’informations sur une plate-forme ouverte qui s’étend sur l’ensemble des applications“. “La numérisation et l’automatisation garantissent que la facture électronique est livrée au comptable et à la PME, puis traitée de manière automatisée dans la comptabilité“, souligne Alex Dossche, CEO de SAGE Belgium.
Une volonté de standardisation
DigiCrowd a l’ambition de mettre en place une standardisation avec un certain nombre d’acteurs majeurs du marché dans le but de créer une base la plus large possible, tant pour les émetteurs de factures électroniques que pour leurs destinataires. À l’heure actuelle, un tel écosystème ne dispose pas d’une masse critique suffisante. Les éditeurs de logiciels partenaires de DigiCrowd, bien que concurrents directs, s’engagent ensemble sur la voie de l’ « évangélisation » de la numérisation avec le soutien de CodaBox, membre du Groupe Isabel depuis 2016.
Au cours des six dernières années, CodaBox – en collaboration avec ZOOMIT, qui l’a rejointe l’année dernière – a constitué un réseau de 150.000 entreprises connectées, en leur livrant leurs extraits de compte numériques directement dans le logiciel comptable utilisé ainsi que les fiches de paie. En plus du service CODA, CodaBox fournit également le service SODA qui permet d’automatiser le transfert des documents sociaux au profit de l’employé et de l’employeur.
“DigiCrowd n’est ni une boîte aux lettres ni une nouvelle plateforme“, souligne Marie Costers, directrice générale de CodaBox. “DigiCrowd est basé sur la connexion existante entre CodaBox et les softwares ERP/de comptabilité. Via PEPPOL, un réseau international pour la facilitation de l’e-Procurement et de la facturation électronique, nous nous connectons aux émetteurs. En tant que système ouvert, DigiCrowd offre donc une chaîne complète, basée sur la technologie XML construite de manière structurée. Chaque entreprise, même individuelle, peut ainsi encaisser ou envoyer ses factures de manière électronique sans frais supplémentaires, quelles que soient les applications ou l’environnement informatique dans lequel elle opère (en ligne, hors ligne, application Office, serveur sur site, ….). La seule condition est qu’elle soit enregistrée au service ‘Factures d’achat’ de la plateforme My CodaBox. Ce qui peut être fait gratuitement jusqu’à la fin de l’année“, ajoute-t-elle. “Vous pouvez comparer ceci avec la communication entre deux applications de messagerie différentes. Depuis l’environnement Microsoft, vous pouvez facilement envoyer des messages électroniques à un destinataire qui utilise l’environnement Google. En bref, DigiCrowd élimine toute complexité dans la relation entre le comptable et le client ainsi qu’entre les entreprises elles-mêmes“, souligne Ronny De Goedt.
UBL comme format standard
“Une norme unique, également au niveau européen, est nécessaire pour réussir le développement de la facturation électronique“, affirme Sander Gansbeke. DigiCrowd s’est donc pleinement engagé dans le standard UBL (Universal Business Language) basé sur le format XML, qui utilise à son tour les composants ebXML Core Components. “En utilisant une norme unique, nous éliminons la confusion dans le monde des affaires en ce qui concerne la facturation électronique. Une interconnectivité maximale n’est possible que si une seule norme est utilisée, quelle que soit la plate-forme sous-jacente. C’est précisément cette approche qui rend une initiative comme DigiCrowd si unique et accessible aux entrepreneurs“, ajoute encore le directeur commercial.
Effet démultiplicateur
Les comptables travaillant aujourd’hui avec l’une des applications comptables venant des trois éditeurs de logiciels co-fondateurs de DigiCrowd sont actuellement en contact avec 750.000 à 800.000 clients finaux. En conséquence, leur taux de pénétration est extrêmement élevé sur un total d’environ 1 million de numéros de TVA en Belgique. Couplé à l’infrastructure technologique de CodaBox, un large réseau est donc à portée de main sur lequel la facturation électronique peut s’appuyer comme couche de service supplémentaire. “D’ici la fin de l’année, nous espérons connecter quelque 100.000 entreprises belges de toutes tailles du réseau de partenaires à DigiCrowd“, explique encore Marie Costers.
En tant qu’initiative, DigiCrowd est ouverte à d’autres partenaires. Le champ d’action ne se limite pas aux fournisseurs de logiciels comptables et ERP, mais s’étend également à d’autres fournisseurs de logiciels, secrétariats sociaux, sociétés de services publics, institutions financières et fournisseurs de matières premières de toutes sortes. En même temps, DigiCrowd garde également la porte ouvert à la communication avec le gouvernement. Par exemple, la plate-forme Mercurius, à laquelle tous les gouvernements ont accès pour la facturation électronique, n’a pas encore produit les résultats escomptés. Et chaque région semble avoir ses propres règles. “Avec DigiCrowd, nous espérons également fournir au gouvernement la preuve qu’il est possible d’avoir un éco-système réussi pour la facturation électronique“, déclare Sander Gansbeke. “En tant que pays central en Europe, c’est bien à la Belgique qu’il incombe de prendre l’initiative dans ce domaine“, dit-il. C’est pourquoi, avec ses collègues Ronny De Goedt et Alex Dossche, il plaide en faveur d’une facturation électronique obligatoire dès que possible, comme c’est le cas depuis peu en Italie. “Actuellement, les émetteurs n’utilisent PEPPOL que pour envoyer leurs factures électroniques au gouvernement. La plate-forme est peu utilisée sur le marché B2B. Quel gaspillage d’investissements et d’infrastructures“, constate Marie Costers.
Les émetteurs qui n’envoient pas encore leurs factures via Peppol ne doivent pas s’inquiéter. “L’initiative DigiCrowd veut aussi inclure les expéditeurs qui ne sont pas encore en mesure de livrer à Peppol. Que ce soit ou non en collaboration avec des tiers, nous recherchons le moyen le plus rapide et le plus simple de garantir la livraison de la facture numérique au client final“, ajoute Sander Gansbeke.
Les éditeurs de logiciels ne nient pas que l’intention sous-jacente de DigiCrowd est d’encourager les entreprises à faire davantage de comptabilité en ligne. Alex Dossche compte déjà sur un véritable glissement de terrain d’ici 2020. Ne serait-ce qu’en raison de l’augmentation de l’efficacité commerciale et de l’optimisation des coûts que le consortium met à portée de main. Par exemple, le prix de revient d’une facture papier s’élève rapidement à 8 euros, alors que sa version électronique ne coûte que 2 euros.